dans sa Bretagne, qu’il avait quittée très jeune, mais dont le souvenir lui était resté vivace au cœur, partout où il avait traîné son pantalon bleu à bande rouge. Il choisit un endroit pittoresque sur les bords de la rivière de Goyen, entre Audierne et Pontcroix, y bâtit une petite maison. Sa petite maison était toute blanche, dans les pins, à quelques pas de la rivière, laquelle était toute verte à cause des herbes marines qui, à marée basse, la recouvraient comme un pré. À marée haute, c’était un fleuve immense qui coulait entre de hauts coteaux plantés, ici de chênes trapus, et là de pins noirs.
En prenant possession de son domaine, le capitaine se dit :
— Enfin, je vais donc pouvoir travailler les bigorneaux à mon aise.
Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler aux savants que « bigorneau » n’est autre que le sobriquet de ce minuscule mollusque que notre grand Cuvier appelle, on ne sait pourquoi : « turbo littoral ». J’ajouterai pour les personnes qui ignorent la faune marine, et se moquent des embryologies, que le bigorneau est ce petit coquillage, gastéropode et escargotoïde, que l’on sert, en guise de hors-d’œuvre, sur toutes les tables des hôtels bretons, et que l’on mange, en l’arrachant de sa coquille, au moyen d’une épingle vivement actionnée dans un sens giratoire et tourbillonnaire. Je ne sais si je me fais bien comprendre.