Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce serait d’ailleurs trop ardu pour vous… Contentez-vous de savoir qu’après de patientes analyses histologiques, j’en déterminai exactement la nature… Le reste n’était plus rien, pour moi… Je séquestrai mes dix pauvres dans des cellules rationnelles appropriées au traitement que je voulais appliquer… Je les soumis à une alimentation intensive, à des frictions iodurées sur le crâne, à toute une combinaison de douches habilement sériées… bien résolu à continuer cette thérapeutique jusqu’à guérison parfaite… je veux dire jusqu’à ce que ces pauvres fussent devenus riches…

— Eh bien ?

— Eh bien !… au bout de sept semaines… l’un de ces pauvres avait hérité de deux cent mille francs… un autre avait gagné un gros lot au tirage des obligations de Panama… un troisième avait été réclamé par Poidatz, pour rendre compte, dans Le Matin, des splendides représentations des théâtres populaires… Les sept autres étaient morts… Je les avais pris trop tard !…

Brusquement, il fit une pirouette, et il cria :

— Névrose ! névrose ! névrose !… Tout est névrose !… La richesse… voyez Dickson-Barnell… c’est aussi une névrose… Parbleu !… mais c’est évident… et le cocuage, donc ?… Ah ! mes enfants !… De la bière ?… de la chartreuse ?… des cigares ?…