« Une nuit de grand vent, il s’est écroulé, tout à fait. Le père Rivoli a constaté le désastre, le matin, dès l’aurore. Dans sa chute, le mur a entraîné les espaliers du clos qui donnaient de si beaux fruits à l’automne. Et rien ne défend plus la demeure du pauvre homme ; les voleurs et les vagabonds peuvent, à toute minute, entrer, poursuivre les poules, voler les œufs… Et l’agent voyer est venu terrible :
» – Ah !… vous voyez bien ce que je vous disais… il est tombé, parbleu !… Allons ! je vais vous dresser procès-verbal…
« Le père Rivoli pleure :
» – C’est-y de ma faute ? c’est-y de ma faute ? Puisque vous m’avez empêché de le réparer !
» – Allons, allons… après tout, ce n’est pas une grosse affaire… Avec les cinquante écus de la première amende, ça ne vous fera que cent cinquante écus et les frais… Vous pouvez bien payer ça.
« Mais le père Rivoli ne peut pas payer ça. Toute sa fortune est dans son clos, et dans ses deux bras qui font vivre son clos de leur continuelle fatigue. Le bonhomme devient sombre… Il ne sort plus de sa maison où, toute la journée, il reste assis, devant l’âtre sans feu, la tête dans sa mains. L’huissier est venu, deux fois. Il a saisi la maison, il a saisi le clos. Dans huit jours, on va vendre tout cela… Alors, un soir, le père Rivoli quitte sa chaise et l’âtre sans feu, redescend au cellier, silencieux, sans lumière… À tâtons, parmi les pipes