Rivoli achète un peu de chaux, un peu de sable, réunit sur la route, au pied de son mur, quelques moellons, trouvés dans son clos, et le voilà qui se met en train de travailler.
« Mais à peine, un matin, a-t-il lancé une demi-truellée de mortier pour boucher le premier trou, et caler la première pierre, que, tout à coup, derrière lui, il s’entend héler d’une voix sévère :
» – Eh bien, père Rivoli, qu’est-ce que vous faites là ?
« C’est l’agent voyer, en tournée matinale. Il porte sur son dos une carnassière bondée d’instruments de géométrie, et, sous son bras, deux nivelettes peintes en blanc et en rouge…
» – Ah ! ah ! dit-il de nouveau, après s’être campé, sur la berge, en statue terrible du Règlement administratif… Ah ! ah ! à votre âge… on se met, encore, en contravention ?… Voyons, qu’est-ce que vous faites là ?
« Le père Rivoli s’est détourné et il dit :
» – Eh ben… je répare mon mur… Vous voyez qu’il fout le camp de partout…
» – Je le vois… répond l’agent voyer… Mais avez-vous une autorisation ?
« Le père Rivoli s’effare et se lève, en maintenant de ses deux mains ses reins raidis.
» – Une autorisation, que vous dites ?… Mon mur est-il à moi ?… J’ai-t’y besoin d’une autorisation pour faire de mon mur ce qui me plaît… le fiche par terre ou le redresser, si c’est mon idée ?…