et des ténèbres entre son visage et moi, et, semblant demander l’aumône, plutôt que d’offrir du plaisir, c’est d’une voix timide, tremblante, presque honteuse, qu’elle répète :
» – Monsieur… monsieur… venez chez moi… monsieur… je ferai tout ce que vous voudrez… Monsieur… monsieur !
« Comme je ne réponds pas, non par dégoût ni dédain, mais parce que, dans l’instant même, je regarde, avec compassion, un collier de corail qui lui entoure le cou d’une ligne rouge sinistrement, elle ajoute, tout bas, sur un ton de plus douloureuse imploration :
» – Monsieur… si vous aimez mieux… Monsieur ?… J’ai chez moi une petite fille… Elle a treize ans, monsieur… et elle est très gentille… Et elle connaît les hommes comme une femme… Monsieur… Monsieur… je vous en prie… Venez chez moi… Monsieur… monsieur !…
« Je lui demande :
» – Où demeures-tu ?
« Et, vivement, me désignant une rue, en face, qui s’ouvre sur l’avenue, en mâchoire d’ombre, en gueule de gouffre, elle répond :
» – Tout près… tenez, là… à deux pas d’ici… Vous serez bien content, allez !
« Elle traverse la chaussée, courant, pour ne pas donner à ma réflexion le temps de changer, à ce qu’elle croit être mon désir le temps de se glacer… Je la suis… Ah ! la pauvre diablesse !… À chaque pas