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HABITANTS DU KERNAC

Mes chers concitoyens,

Mes chers administrés,

Le choléra est dans nos murs.

Il a déjà fait de nombreuses victimes.

Qu’on se rassure. Votre maire ne vous abandonnera pas. Il s’installe en permanence à la mairie, prêt à tous les événements, et bien résolu à vous disputer au fléau. Comptez sur moi.

Vive le Kernac !

Mais les rues étaient désertes, et, déjà, tous les habitants claquaient des dents au fond de leurs taudis fermés.


Et voici M. Arthur Lebeau, le clubman parisien.


Une nuit de l’hiver dernier, je dormais profondément, quand je fus réveillé en sursaut par un grand bruit : quelque chose comme la chute d’un meuble dans la pièce voisine. En même temps, la pendule sonna quatre heures et mon chat se mit à miauler lamentablement. Je sautai à bas du lit et, vivement, sans précautions, avec un courage qu’explique seule l’ardeur de mes convictions conservatrices, j’ouvris la porte et pénétrai dans la pièce. Elle était tout éclairée, et ce que j’aperçus