il confiait la garde à des hommes forts, brutaux, querelleurs, de mine rébarbative, et qu’il ne faisait point bon rencontrer la nuit, dans les bois. Il les choisissait de préférence parmi les sous-officiers, d’anciens chaouchs familiers avec les tortures des bagnes, et pour qui la vie d’un homme ne compte pas… Aussi étaient-ils redoutés… Il les payait bien, d’ailleurs, leur accordait de riches primes sur chacune de leurs prises, et veillait paternellement à ce qu’il ne manquât jamais d’eau-de-vie dans leurs celliers.
— Il faut, disait-il, les maintenir dans un constant état de bonne chaleur alcoolique… De cette façon, ils ne boudent point à la besogne, et, à l’occasion, n’hésitent point à vous abattre un homme comme un lapin…
Car il estimait que tout était permis contre les braconniers. Son principe était qu’on les traquât et traitât comme putois, fouines, renards, loups, et autres bêtes puantes… Du reste, à la suite de drames équivoques et d’exécutions sanglantes, qui lui valurent dans le pays un surcroît de popularité et d’amour, les braconniers n’osaient plus guère s’aventurer sur une propriété si terriblement, si héroïquement gardée… Ils savaient ce qui les attendait.
— Tiens !… approuvait-on… les lièvres, les faisans, les chevreuils, les lapins… c’est-il oui ou non… à monsieur le marquis ?… Pourquoi qu’ils ne