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– Non, non… et non, glapit la voix de la femme. Elle partira demain matin.

– Ou-ou-ou-ou…

– Son voyage ? lui payer son voyage ? Vraiment, tu n’y songes pas ?

– Ou-ou-ou-ou…

– Elle s’arrangera. Je la renvoie… pour une faute grave, très grave… Elle s’arrangera.

– Ou-ou-ou-ou-ou…

– Mais tu est fou ? Je ne veux pas d’excuses. Je n’accepterais pas d’excuses…

– Ou-ou-ou-ou-ou…

– Ah ! je voudrais voir ça !

– Ou-ou-ou-ou-ou…

– Fiche-moi la paix !… Tais-toi !… Couche-toi !…

Ici le silence… et bientôt des bruits de choses remuées.. de soies qui tombent… de verres qui tintent… de brocs qu’on vide… d’objets qu’on place et qu’on déplace sur le marbre de la toilette.

Mais, au bout de quelques minutes, sur un nouvel ou-ou-ou du mari, la femme répond plus aigre, encore :

– C’est inutile… Il n’y a pas de pire fille que cette fille… Une dame serait malade, est-ce que tu crois que cette fille veillerait, jour et nuit, derrière la porte ? Ah bien, oui !

– Ou-ou-ou-ou…

– Si… je te dis que si !…

– Ou-ou-ou.