à l’angle voulu, le coude droit un peu relevé, la main à plat sur sa cuisse, il demanda :
» – Suis-je bien ainsi, monsieur le directeur ? Suis-je dans la tradition ?
» – Parfait… approuva le directeur.
» – Alors, monsieur le directeur, je vous écoute.
« Et le directeur parla ainsi :
» – Père Plançon, il y a juste aujourd’hui quarante-deux ans que vous appartenez au théâtre de l’Athenaeum Dramatique. Ça ne vous rajeunit pas, mon pauvre vieux… ni moi non plus, d’ailleurs, ni le théâtre… mais qu’est-ce que vous voulez ?… c’est la vie… Vous êtes un excellent brave homme, ça oui !… Vous avez toujours tenu votre emploi avec honneur… Tout le monde vous estime ici… Enfin, vous êtes une conscience, mon père Plançon… Est-ce vrai, ça ?…
» – J’ai travaillé, monsieur le directeur, déclara le bonhomme.
« Et ce « j’ai travaillé » prit dans sa bouche un extraordinaire accent lyrique.
« Le directeur acquiesça :
» – Ah ! si vous avez travaillé !… Je crois bien… Pour dire : « Madame est servie… » il n’y avait pas, il n’y aura jamais votre pareil… C’est évident… Toute la critique est d’accord… Même quand vous n’aviez rien à dire, que vous n’aviez qu’à porter un plateau, éteindre une lampe, épousseter un fauteuil, introduire le petit vicomte dans la chambre de la marquise, c’était épatant… c’