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XIII


Aujourd’hui, j’ai reçu de mon ami Ulric Barrière, qui voyage en Russie, une très longue lettre… Je détache de ces nombreux feuillets quelques pages impressionnantes que voici :

« … Dans les grandes villes, j’ai vu quelques beaux régiments de cavalerie. On les montre d’ailleurs avec ostentation aux étrangers, en ayant l’air de leur dire : « Hein ! voilà une terrible et brillante armée… Malheur à qui s’y frotterait ! » En fait, ce ne sont pas des régiments de soldats, mais de clowns. J’ai assisté à plusieurs revues, et, chaque fois, j’ai eu l’impression d’être au cirque. Ces cavaliers sont étonnants ; ils font mille tours d’adresse, d’équilibre et de gymnastique avec une parfaite aisance, sur des chevaux dressés à ces jeux. Et cela brille, chatoie, fulgure, je suis sûr que chez Franconi, le succès en serait vif. Malgré l’apparat de ces manœuvres, je n’en ai pas rapporté l’impression d’une force, mais seulement d’