» – Ah ! ça non… Et vous êtes vraiment exigeant, mon cher baron. Il n’y a de l’or que dans les dents… malades.
» – Hélas ! docteur, je n’ai plus de dents, même malades, gémit le vieillard. Et, eussé-je des dents, et de l’or dans les dents, ça ne serait jamais que de l’or étranger, de l’or que je n’aurais pas fabriqué moi-même, de l’or qui ne serait pas de ma substance, en un mot. Alors, à quoi bon ? Ainsi, vous êtes sûr qu’il n’est pas, dans mon sang, de l’or ?
» – Sûr…
« Le baron soupira :
» – C’est très fâcheux… Et vraiment, je le regrette… Parce que, voyez-vous, j’aurais mieux aimé de l’or que du fer pour ma bague…
« Je n’insistai pas, sachant le baron un peu gâteux. Celui-ci reprit, en faisant claquer sa langue sur sa lèvre humide de salive :
» – C’est que vous ne savez pas combien j’aime Boule-de-Neige. Je lui ai tout donné… des hôtels, des chevaux, des bijoux, des amants qui la font crier de bonheur… Elle a des draps de cinquante mille francs… Elle a tout ce qu’une femme peut avoir et peut rêver… Eh bien, je voudrais lui donner plus encore, lui donner ce qu’aucune femme n’a jamais eu… Oui, lui donner en une seule fois, et sous une forme matérielle, tangible, tout ce qui me reste de moelle et de sang… toute ma substance en un mot, enfermée dans