quand nous songeâmes au retour. Elle était un peu lasse, se taisait en marchant, appuyée à mon bras. Moi, j’échafaudais des palais de bonheur… silencieux aussi, de ce silence qui contient toutes les grandes paroles, toutes les grandes musiques, tous les grands tonnerres. Tout à coup, elle quitta mon bras, et vive, avec des mouvements menus et précieux, comme une pie qui saute dans l’herbe humide, le matin, elle s’engagea dans une sente qui, à droite, sur la route, descendait vers la vallée. Je criai :
« — Mais où allez-vous donc par-là ?… Où allez-vous donc par-là ?
« — Et elle continua de sautiller, légère, aérienne, dans la sente. Je la rejoignis.
« — Ce chemin ne mène nulle part, ma chère petite âme… Il mène à la rivière…
« Laure riposta :
« — Eh bien, s’il mène à la rivière… nous passerons le pont…
« — Mais il n’y a pas de pont…
« — Il n’y a pas de pont ?… Pourquoi dites-vous qu’il n’y a pas de pont ?… Vous n’êtes pas gentil, vraiment… Et pourquoi y aurait-il un chemin, s’il n’y a pas de pont ?… Ce chemin serait une chose ridicule…
« Et sévère, tout à coup, la bouche impérieuse, elle dit :