Page:Mirbeau - Les Deux Amants, paru dans l’Écho de Paris, 13 octobre 1890.djvu/3

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’Amant

Qu’elles sont tellement douces !

L’Amante (très vague)

Ah ! oui, tellement douces ! (Silence).

L’Amant

Ma bien aimée !… (Silence)… Ma bien aimée ? (Nouveau silence. Il se rapproche d’elle, un peu)… Ma bien aimée !… Pourquoi ne dites-vous rien ?… À quoi pensez-vous ?

L’Amante

Je ne pense à rien…

L’Amant

Vous ne pensez à rien ?… En un pareil moment !… Êtes-vous donc fâchée ?

L’Amante

Je ne suis pas fâchée. Pourquoi voulez-vous que je sois fâchée ?… Ai-je des raisons pour être fâchée ?

L’Amant

Mais pourquoi ne dites-vous rien ?… Je vous appelle… et vous ne dites rien.

L’Amante

Je ne suis pas fâchée.

L’Amant

Êtes-vous triste ?

L’Amante

Pourquoi serais-je triste ? (Elle soupire.) Je ne suis pas triste…