LES DEUX AMANTS
Un coin de parc, le soir. Le soir est doux, silencieux, tout plein de parfums errants ; sur le ciel, moiré de lune, les feuillages se découpent comme de la dentelle noire sur de la soie claire. Entre les masses d’ombres, entre de molles et étranges silhouettes, voilées de brumes argentées, au loin, dans le vague, brille une nappe de lumière, l’immobile et rêveuse surface d’un lac endormi, d’un étang ou d’une rivière. Le mystère est partout ; l’amour circule au long des avenues invisibles, et son souffle agite les branches, à peine. Dans une allée, sur un banc, l’amant est assis près de l’amante.
Ah ! qu’elle est délicieuse cette soirée !
Délicieuse !
Chaque soir, nous venons ici. Ce sont les mêmes choses autour de nous, les mêmes clartés, le même rêve nocturne, et pourtant, chaque fois, il me semble que j’éprouve des joies nouvelles, et plus fortes et plus mystérieuses, et davantage inconnues… et si douces, si douces !… (Un merle réveillé, dans l’arbre au-dessus d’eux, siffle et s’envole) et si douces !… (Silence)… tellement douces !… (Nouveau silence)… N’est-ce pas ?
Quoi ?