notoires — quelques-uns même excessivement glorieux — et qui mènent l’opinion publique, le goût du public, par la main ou par le nez, ou par quelque membre que ce soit. Comme il arrive toujours, les élèves renchérissent sur le maître, et, il faut en convenir, Roqueplan est aujourd’hui bien dépassé. Il est curieux de savoir comment ces observateurs de la vie comprennent la province et les provinciaux. Le portrait qu’ils font de ceux-ci et le tableau qu’ils font de celle-là sont vraiment amers.
La province est une sorte de terrain vague, vaseux par-ci, pierreux par-là, à la surface duquel, au premier abord, on ne distingue rien. Cela semble inhabité. Un vent de mort a soufflé sur cette pauvre chose, à moins que, plausible hypothèse, la Vie, lasse d’avoir créé tant de merveilles à Paris, ne se soit arrêtée dans son œuvre et n’ait pas voulu franchir ce morne espace, car la Vie est bien trop parisienne pour cela. Au-dessus, le ciel est lourd, l’air pesant et malsain ; des miasmes, de partout, s’exhalent. À peine a-t-il fait quelques pas sur ce sol maudit, dans cette atmosphère empestée, que le Parisien le plus spirituel et le plus gai, se sent devenir stupide et morose. Le Parisien stupide… Oui, la province a produit ce résultat, qui paraissait impossible. Elle en a produit bien d’autres, plus effrayants encore. Je connais un écrivain, très illustre, qui était venu en province, pour y écrire un roman vertueux, et qui tirât surtout à plus de cent mille exemplaires ; l’écrivain a dû renoncer