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a pleuré sur les misères, il a pansé les plaies, essuyé les larmes ; il a relevé tous les vaincus, consolé tous les captifs, vengé toutes les injustices. Il a tenté d’arracher l’homme aux proies des trônes effarés, aux échafauds des sociétés peureuses, et sa voix retentissante, faite de tendresse et de pitié pour les misérables, de colères et de supplications hautaines pour les puissants, a dominé, chaque fois que l’homme était menacé, le tumulte des intérêts oppresseurs et des lois homicides.

Et puis, il a chanté les attendrissements divins qui entourent l’enfance fragile ; il a fait de la femme une faiblesse sacrée ; de la faiblesse une puissance, et de la puissance un pardon. Les petits, les humbles, les pauvres, les déshérités, les malades, il leur a donné la première place dans le royaume féerique de son œuvre, qui est doublement immortelle par le génie de l’artiste, et la bonté de l’homme.

Et tous diront, pour Victor Hugo, ce que Victor Hugo disait de Napoléon dans son « Ode à la colonne » :

Oh ! va ! nous te ferons de belles funérailles.

Octave Mirbeau, La France, 24 mai 1885