temple où repose la seule divinité qu’on puisse désormais adorer.
Aussi, quand on voit un homme de ce milieu emporté à la déroute, un jeune homme surtout, qui pourrait si bien faire comme les autres, se redresser et lutter victorieusement contre le courant qui entraîne autour de lui les choses et les êtres, pêle-mêle, celui-là, on doit le saluer doublement, car son mérite — à mérite égal — est plus grand que celui d’un simple bourgeois ou d’un homme du peuple, qui ont pour les porter au combat la volonté et l’ambition puissante de s’élever et d’arriver.
M. le vicomte Melchior de Vogüé est un de ces jeunes hommes courageux qui cherchent autre part que dans la fortune et la vanité mondaine d’un beau nom des jouissances ardentes, des intérêts nobles.
Écrivain de talent, instruit, chercheur, passionné d’art et de belles lettres, ce n’est point un littérateur d’occasion qui égaye ses heures d’oisiveté, en composant pour un salon ou pour une représentation de club, des saynètes ridicules, en argot de cabinet de toilette. Il est de la forte race de ces écrivains qui ont choisi la littérature, non point comme un passe-temps dont on s’amuse, non point comme une profession dont on vit, mais comme une vocation d’instinct vers laquelle leur esprit les a portés par une irrésistible et naturelle pente. M. de Vogüé est vraiment un homme de lettres, dans la belle et tranquille