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lesquels ils ne sont pas faits. Nous les voyons très bien dans les bottes du jockey ou sous la blouse bariolée de clown et la perruque poudrée du marquis de Saint-Lambert, et les manchettes de dentelles de M. de Buffon leur sont des ajustements fort ridicules, aussi ridicules que l’étaient au geai de la fable les brillantes plumes du paon.

Aucun ne laissera même pas quelques pages volantes de ces mémoires piquants et joliment bavards, comme beaucoup en écrivaient au dix-huitième siècle. La raison est, qu’à part des anecdotes de tailleur et des propos d’écurie, aucun n’a plus rien à dire, plus rien à conter. Il serait pourtant intéressant que l’un d’eux, entre une cabriole au cirque Molier et une partie de quinze au club élégant, voulût bien nous confier quelques notes historiques sur l’abaissement intellectuel de leur milieu social. Celui-là ne ferait point une mauvaise besogne, ni une sotte affaire.

À quoi cela tient-il ? À beaucoup de causes particulières qui amènent chaque jour, plus graves et plus irrémédiables, les abdications morales de cette vieille société française ; cela tient surtout au cosmopolitisme financier dont elle s’est laissé envahir et dont elle s’est assimilé les goûts malsains, les passions âpres, les plaisirs sans idéal, les corruptions sans grandeur. Le monde parisien, dont on a vanté toujours, par un reste d’habitude, d’entraînement, les politesses, les délicatesses, et, Dieu me pardonne,