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mis, comme nous avons des filles soumises, et astreignez-les aux mêmes règlements sévères, aux mêmes honteux embrigadements, aux mêmes surveillances déshonorantes. Mais tant que vous n’aurez trouvé rien de mieux que la police correctionnelle, pour les punir et nous en défendre, tenez-vous en à elle.

La pensée humaine n’a rien à voir dans ces aventures. Quand, sous prétexte de document, d’analyse, de naturalisme, elle tombe à d’aussi basses exploitations du vice, elle n’a droit à aucun respect, à aucune indulgence, à aucun indifférent mépris. Il est utile, pour les belles œuvres, désintéressées et sincères, qu’elles ne soient pas confondues, dans l’esprit du public, inhabile souvent à les juger, avec l’ordure et la spéculation de l’ordure. La police correctionnelle est excellente en cela qu’elle laisse toujours un peu de honte sur celui qu’elle a marqué, et que l’odeur, quoi qu’on fasse et quoi qu’on dise, en reste longtemps.

Je sais bien qu’elle se trompe quelquefois, et pour un Desprès qu’elle condamne justement, elle s’attaque parfois aussi à Flaubert. Mais il en est de même de toutes les choses humaines. On cite les gens qui étaient innocents et qui ont été condamnés à mort. Vous n’empêcherez jamais les magistrats d’être des hommes, et les hommes des imbéciles.