de violations humaines, sans qu’il y ait à cela des raisons supérieures, un droit immédiat d’intérêt public et de défense sociale. Le crime de Fénéon doit donc être bien avéré, bien défini et horrible.
Quel est le crime de Fénéon ? Qui ou quoi menace-t-il ? Quels effroyables dangers va donc amener sa seule présence parmi les êtres vivants, quels cataclysmes ? En quoi ce charmant et trop modeste écrivain, ce précieux artiste, cet ami fidèle, ce spectateur curieux des comédies de la vie, est-il un trouble, un empêchement à la digestion de M. Rouvier, à l’honneur de M. Cornelius Herz, à la manie légiférante et dénonciatrice de M. Joseph Reinach, à tous les prestiges sacrés de la République et aux prébendes qui en découlent ?
Il faudrait le savoir.
M. Félix Fénéon a une famille qui pleure, des amis qui se désolent de son absence. Il me semble que cette famille et ces amis ont le droit de savoir pourquoi, tout à coup, on le sépare d’eux ; pourquoi on les condamne, celle-ci à perdre son seul soutien, ceux-là à douter peut-être de leur ami. Car la justice a toujours d’étranges et profondes racines dans les âmes. En dépit des nombreuses atteintes qui ont terni son prestige, nous ne pouvons pas admettre facilement qu’elle torture quelqu’un, pour le plaisir, et qu’elle se fasse un jeu de la douleur des autres. Nous voulons croire qu’elle se dresse, avec son grand nom et son grand symbole, comme une digue