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des tables et des rats morts, ces nouveaux éléments de la discussion moderne. Je voudrais aussi que, avant de démolir, de fond en comble, M. Brunetière, on prît la peine de le lire. La plupart de ceux qui le démolissent avec une si généreuse ardeur, ne l’ont jamais lu. Et ils s’en vantent. Il y en a qui s’imaginent — on ne sait pourquoi — que M. Brunetière est quelqu’un dans le genre de M. Patinot et, mieux, qui le prouvent. C’est plus commode. On évite ainsi la fatigue de comprendre, on tourne la difficulté qu’il y a toujours à se faire une opinion personnelle sur un écrivain ou sur une œuvre, et l’on se croit, de plus, un homme libre. Ce sont là d’étranges mœurs qui se révèlent plus générales qu’on le pense. Par leur pratique assidue, M. Hector Pessard est arrivé à conquérir une situation considérable, dans le monde où l’on débine. Le jour où il confessa qu’il avait l’habitude sacerdotale d’ignorer totalement les œuvres dramatiques confiées à son jugement, il fut sacré éminent critique. depuis lors, il a monté en grade. Rêvons.

J’ai fait, jadis, comme tant d’autres. Sur la foi de quelques chroniqueurs immensément distingués, moi aussi, je suis parti en guerre contre M. Brunetière. Et l’ayant réduit en poudre, la fantaisie me vint de lire ses livres. J’aurais peut-être dû commencer par là. Mais on ne s’avise pas de tout dans la vie. Sans doute « la copie » pressait ; sans doute, j’avais derrière moi mon directeur, qui m’excitait aux