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formes », des échos, « reflets de voix ».

Ombrages de tendelets,
Squelettes de roitelets.

. . . . . . . . . .

Le souvenir dans les airs

D’un passage de concerts.

. . . . . . . . . .

Et le dessin sur le sol.

De feuilles en parasol.

Sa virtuosité s’exerce à noter, d’un verbe curieux et joli, d’un rythme souple, des ombres d’ombres, des reflets de reflets à exprimer, en belles images, les nuances des nuances, les évanouissements des choses à peine apparues, à peine entendues, et qui s’effacent, et qui se taisent ; à donner des couleurs aux voix multiples de l’invisible, des voix aux couleurs de l’impalpable. Il s’ingénie à peindre « d’une main japonaise » :

À travers le mirage exquis de l’entrelac,
Sur un reflet de lune, une ombre de cigogne
Dans la glace d’un lac.

Le ciel le passionne, non dans son mystère d’inaccessible immensité, non dans son recul d’infini, mais dans son accident de fugitive lumière, dans ses localisations de brumes momentanées. Il trouve, pour l’expliquer, des images parfois surprenantes, des analogies inattendues, dont la grâce mièvre correspond à des visions secrètes, à des sensibilités aiguës et un peu maladives, et, malgré tout, charmantes en leur