Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

marionnettes, à mettre en branle leurs orgueils sans défiance. Comment deviner cela ? Ô bon Coppée, comment deviner cela ? Comment deviner tant d’ironie sous tant de correction ? Et l’on ne peut même pas lui en vouloir, du moins d’une façon apparente et directe, car il s’est effacé si modestement, laissant à chacun le soin d’édifier son propre ridicule. Le comique de ces choses est vraiment souverain et, s’il laisse, au fond, une impression de grande tristesse et de mystification suprême, il ne faut s’en prendre qu’à nous-mêmes, qui avons donné au public cette comédie, bien humaine celle-là, et bien littéraire, surtout, oh oui bien littéraire, la salope. Décidément, Monsieur Renan* a parfaitement résumé l’enquête de M. Jules Huret, en disant : « La littérature est une préoccupation médiocre » ; on pourrait ajouter : « et une grande mystificatrice » . Et maintenant, relisons la préface de prose cinglante et jolie que M. Jules Huret a mise en tête de son volume, de notre volume. C’est une bonne leçon et méritée, et nécessaire. Quoi qu’en dise M. Anatole France*, dont le dédain — d’ailleurs discret et peu sincère — me paraît un peu bien tardif et… comment dirais-je ? posthume, nul autre que M. Jules Huret ne pouvait nous la donner mieux, et en meilleurs termes d’ironie distinguée. Il faut même le remercier, qu’elle n’ait pas été plus dure, et s’étonner grandement, qu’au contact de ces