le vœu, en caressant l’échine soyeuse d’un porc loyal, ignorant des littératures et des esthétiques, de finir mes jours parmi les bêtes, les belles bêtes, les bonnes bêtes, les belles, bonnes et consolantes bêtes, les bêtes dont le regard est si doux, les bêtes qui ne parlent jamais. Ô femmes clairdelunaires et falotes, vierges rancies, adultères insatisfaites qui, du fond de vos provinces inconsolées, à côté de l’époux mal assorti, ou dans vos couches solitaires, rêvez à ces beaux chevaliers de l’Idéal, les voici, les voici, tous vos poètes, trempés de bleu, vêtus d’infini, illuminés d’amour, vos radieux poètes qui viennent, par les lacs de lumière, chevauchant les cygnes, portant l’armure dorée et l’adamantine épée de Lohengrin, les voici, vous les avez en chair, en os, en esprit, vous les voyez avec leurs doigts salis d’encres laborieuses, leurs lèvres verdies de fiel, leurs lèvres où l’envie s’embusque, où l’insulte fait une boue amère et caustique. Et vous pouvez dire, comme chantait tristement Jules Laforgue* :
Falot, falote
Et c’est une belle âme en ribote
Qui se sirote et se fait mal
Et fait avec ses grands sanglots
Sur les beaux lacs de l’idéal
Des ronds dans l’eau
Falot, falot.
Ce qui ressort de ce volume, outre ces constatations pénibles — et cela est aussi pénible à