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en atténueraient la spontanéité et le désintéressement. On raconte aussi que M. de Bonnières, en courtisan mal informé, aurait blessé à tout jamais la personne puissante de qui il voulait servir la haine et n’aurait recueilli (suprême malchance), de son incroyable article, d’autres bénéfices immédiats que des jugements sévères, au lieu des remerciements attendus, et la perte de relations précieuses qu’il comptait resserrer plus étroitement. Il va sans dire que je ne crois pas un mot de ces potins. Je connais M. Robert de Bonnières, et le sais parfaitement incapable de pareilles combinaisons. Sa droiture, sa franchise, sa naturelle habileté me sont des garanties certaines de la malveillante fausseté de ces propos. M. Robert de Bonnières est un auteur difficile à contenter, voilà tout. Il ne trouve bons que ses livres et ceux de M. Brunetière qui publie ses livres. C’est une opinion un peu exclusive, mais, à tout prendre, respectable, et si inoffensive. En réalité, elle ne peut nuire qu’au seul M. de Bonnières, car, ses livres et ceux de M. Brunetière étant peu nombreux, ses joies littéraires doivent être assez rares et sans surprises. Seulement M. de Bonnières n’a, sans doute, pas assez réfléchi que, lorsqu’on s’attaque avec cette virulence à un écrivain dont l’œuvre est considérable et belle, lorsqu’on se permet d’infliger des leçons publiques à un artiste dont l’influence rénovatrice sur la littérature de son temps est notoire et indiscutable,