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ferme, sur un fait donné, à ce gymnosophiste exquis, dont la coquetterie spirituelle consiste à paraître n’en avoir aucune, ce à quoi il ne faut pas toujours se fier. Mais enfin, il est incontestable qu’un écrivain de la race de M. Renan, un penseur de sa force, un académicien de son dictionnaire, a le droit de parler haut, si tel est son plaisir, et d’être injuste, un beau jour, par hasard, sans que cela nous indigne. Au contraire, les petites faiblesses des grands hommes ont un charme très spécial que, pour ma part, je goûte fort, en ce sens qu’elles nous les rendent plus intimes, plus accessibles, plus près de nous, car rien n’est déconcertant, même pour l’admiration, comme l’immobile figure d’un impeccable Dieu. Et nous sentons plus vivement leurs qualités aux défauts qu’ils nous confessent, quand ces défauts ont de la grâce et pas de vileté, ce qui est le cas dans la littérature.

Mais M. de Bonnières ?

Mais que vient faire en ce débat M. de Bonnières, dont la brusque et furieuse irruption a paru inconcevable, après le long silence, si bien accueilli de tous, où cet homme du monde, écrivain agréable et peu fécond, semblait devoir se confiner désormais ? On raconte qu’il ne faut voir, dans cette imprévue sortie, qui est surtout une rentrée fâcheuse, nulle intention littéraire militante — qui l’eût peut-être excusée — et qu’il faut rechercher les dessous mondains machiavéliques et compliqués, qui