sais quoi de vraiment consolateur pour le poète qui, loin des archives menteuses et des paperasses illusoires, suit le vagabond caprice de son rêve.
Or il m’arrive une aventure dont je puis bien tirer quelque vanité et quelque amusement. Moi aussi j’ai, par une erreur tellement énorme qu’elle va jusqu’au grossissement de la « bourde », contribué à solidement établir un point d’histoire littéraire assez curieux et à fixer définitivement la biographie d’un homme célèbre, qui ne saurait réclamer, puisqu’il est mort. L’erreur dont je parle, et que je suis désormais impuissant à redresser, moi seul progéniteur, pourtant, est devenue, par une loi naturelle de sélection, et beaucoup plus tôt que je l’eusse imaginé, un document certain, authentique, irrécusable. Depuis le 7 décembre, elle a reçu une consécration officielle et solennelle qui la classe parmi les faits indiscutables. Elle a maintenant une valeur historique : elle est entrée dans la postérité ; les protestations ultérieures, les rectifications motivées, si précises soient-elles, n’y feront rien.
Aujourd’hui, il est acquis à la critique contemporaine et à la psychologie future que M. Caro — car c’est de M. Caro qu’il s’agit — fut un homme champêtre, qu’il habita une chaumière et porta des sabots. Quoi qu’on dise et fasse, les Brunetière de l’avenir seront obligés de s’en référer à cet état d’âme très inopiné et d’en déduire les conclusions