Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

poignantes tristesses, tout cela bourdonne, chante et pleure sur ces lèvres, où pourtant la douleur rôde, jamais lassée d’être vaincue par ce courbant génie.

— Oui, dit l’Allemand… L’œuvre de M. Zola est une œuvre de volonté, celle de M. Daudet une œuvre de spontanéité ; une œuvre vécue et pleurée. Et, voyez-vous, à un moment donné, ce sont toujours celles-ci qui enfoncent celles-là.

Et j’ai voulu, mon cher Daudet, à l’occasion de votre nouvelle œuvre, vous envoyer ce petit souvenir d’une conversation que nous eûmes, M. de B… et moi, en face de cette mer que vous aimez tant et dans cette nature fleurie, où il me semblait entendre s’égrener les musiques de votre voix.

Octave Mirbeau, Le Figaro, 4 novembre 1889