intellectuelles, d’un si fier jet, contre l’embourgeoisement de l’idée ; pour l’atmosphère nouvelle, découverte par eux, où, après Stendhal, après Balzac, ils firent évoluer le roman moderne ; pour ces frissons d’âme et de lumière dont vibre leur humanité et s’enveloppent leurs paysages.
Il passait des puissantes visions du Crépuscule des dieux, de M. Élémir Bourges, aux mystérieuses pages de L’Inconnu, de M. Paul Hervieu ; des recherches sociologiques de M. J.-H. Rosny aux presque sublimes ironies de L’Ève future de Villiers de l’Isle-Adam. Et M. Gustave Kahn l’enchantait pour la perspicacité de sa critique, belle comme une création de poète et de philosophe, pour son intelligence si souple, parfois si haute, à concevoir et à expliquer les formes d’art.
À l’entendre parler ainsi de ces hommes, pour la plupart inconnus ou dédaignés, un soupçon s’insinuait en moi, vraisemblable et torturant :
— Si c’était un espion, pensais-je, tandis que l’ombre des nirvanas envahissait les arcanes de mon cerveau.
Un jour, comme nous nous promenions, il me dit :
— Et M. Alphonse Daudet ? … Ah ! celui-là est tout clarté, tout charme, tout intelligence. Il