Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

au soleil ; des enfants y jouent dans l’herbe et les chalands des mariniers dérivent doucement, au bout de leurs amarres, sur la surface du fleuve que ride en ce moment un léger vent d’ouest.

J’ai beau chercher, sur cette maison et ce qui l’entoure, un indice qui me révèle l’homme auquel la méchanceté des journaux, unie aux commérages des salons, attribua tant de ridicules et tant de faiblesses, tant de complaisances avilissantes, tant de curiosités mesquines, je ne les trouve nulle part. Ce pasteur des petites âmes en peluche, ce galantin confesseur des petits cœurs en satin ouaté, qui débitait sa philosophie en flacons de parfums intimes et sur la peau rose des poupées mondaines, laissait tomber sa littérature du haut d’une houpette à poudre de riz, ce cavalier servant des futilités perverses, ce jouet des oisivetés aristocratiques, j’en cherche vainement la trace.

Je n’ai pas connu M. Caro ; jamais je ne l’ai entendu, ni rencontré dans un salon ; à peine si je puis me rappeler ses traits entrevus, une seconde, de loin, dans une foule. Je ne connais de lui que ses œuvres, dont je n’aime ni l’esprit philosophique, ni les tendances littéraires, mais qui, parfois, au milieu de grâces superficielles, me charment par de réelles qualités d’élégance et des accents de véritable tendresse. Certes, M. Caro n’a pas été un grand penseur, ni un écrivain génial. Avec sa doctrine de l’éclectisme qui lui permet de ne rien