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en habit noir d’Henriette Maréchal.

Enfin que ce soit du grec, du français ou du bigorne, en prose ou bien en vers, nous savons maintenant que M. Richepin est revenu à sa famille. Nous savons même de quelle façon, avec quelle eau parfumée la triste Pénélope lava les pieds d’Ulysse repenti. On nous a mis dans la confidence de ce détail intime et bien athénien de sa vie. Mais rien n’est intime de ce qui a touché – de près ou de loin – à Mme Sarah Bernhardt. Sa maison est de verre, comme celle que rêvait Socrate, et tout le monde y peut regarder. On dirait aussi que ceux qui en sont partis gardent, autour d’eux, une sorte de lumière vive qui perce les retraites les mieux cachées et les fait reconnaître, même dans les nuits les plus profondes. Donc, M. Richepin est revenu à la raison, au calme de la vie, à la vérité des affections bénies. Que va-t-il faire de cela aujourd’hui ?

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En dehors du cabotinisme dont il s’est plu à s’entourer, j’ai la plus grande estime pour le talent de M. Richepin. C’est vraiment un poète, d’un souffle superbe, et dont le lyrisme amer escalada souvent les cimes inexplorées, trop hautes pour les poumons malades de la plupart des rimailleurs parnassiens. Son premier livre fut La Chanson des gueux, qui restera dans notre littérature, à une place meilleure que les