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ainsi que le recommandait fièrement M. Barbey d’Aurevilly. Je crois que les vénérables chroniqueurs ont été un peu loin et que cette opinion mérite d’être corrigée. M. Hennique, pas plus que M. Huysmans, que M. Élémir Bourges, et d’autres encore de la même race, n’est pas à proprement parler ce qu’on appelle un « fumiste » . C’est tout au plus un ignorant, j’entends qu’il ne se rend pas un compte exact de ce que doit être, de nos jours, un véritable écrivain. Il n’est pas dans le mouvement moderne, voilà. Pour M. Hennique, un véritable écrivain doit écrire ; il doit surtout n’attendre satisfaction et succès que de ses livres. C’est là une erreur grave, assurément, et qui retarde, par trop de candeur, sur le siècle. Nous avons marché, que diable ! La littérature est devenue, aujourd’hui, un métier très compliqué, très en dehors, où la force du talent, la qualité de la production ne sont rien, où la mise en scène spéciale et continue de la vie de l’auteur est tout.

Il ne s’agit plus de créer une belle œuvre, il faut savoir s’organiser une belle réclame. Et cette réclame savante, raffinée, ne portera pas directement sur les livres, ce qui serait grossier et ne contenterait personne ; elle englobera les choses étrangères au travail littéraire et se diffusera, de préférence, sur les sports qu’un homme bien né est susceptible de pratiquer. Je me permettrai d’indiquer à M. Léon Hennique,