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pique un morceau à la boutonnière, en guise de fleur de vanité. On l’accapare, on le veut pour soi tout seul. C’est l’histoire éternelle. Elle donne plus de dégoûts encore que de colères.

***

Et je pense à M. Roger Ballu. Dans les destinées des grands hommes qui, presque toutes, se ressemblent, il y a de ces complications inattendues, de ces mélanges de noms bizarres, de ces évocations obscures et souterraines, fécondes en surprises d’une indicible mélancolie.

M. Roger Ballu inspecte quelque chose, je ne sais quoi, il ne sait quoi lui-même, probablement rien, dans les Beaux-Arts. Avez-vous réfléchi à ce qu’il y a de profondément comique, d’extraordinairement incohérent dans la situation d’un homme dont le devoir, sur la terre, consiste à inspecter les Beaux-Arts ? Moi, cela me fait l’effet de ces métiers burlesques que nous révèlent les chansons des cafés-concerts. Il me semble que celui qui « inspecte les Beaux-Arts » exerce une fonction aussi improbable que celle du monsieur qui « ramassait le crottin des chevaux de bois », ou de cet autre qui, « par les jours de chaleur, promenait le chien de sa sœur » . Chaque fois que je songe que, réellement, il existe des fonctionnaires spéciaux qui « inspectent les Beaux-Arts », je ne puis