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Enfin, voilà de la littérature, et telle qu’on l’attendait depuis longtemps. Elle consolera des lectures mornes auxquelles nous ont habitués des psychologues sans scrupules qui ne savent pas rire, en interrogeant la douleur de la vie et l’effroi de la mort. Et si, après cela, le rire résiste aux torpilles, à la guerre de mines, aux combats de ballons, à la destruction effroyable et rigolote ; si la gaîté boude devant les massacres des jeunes hommes, devant les foyers vides où pleurent les vieilles mères affligées, c’est que nous sommes un peuple définitivement fermé à la joie, un peuple pourri, et qu’il n’y a plus rien à faire de nous, pas même des députés.

Octave Mirbeau, Le Figaro, 13 décembre 1888