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fut une accablante déception. Tout s’effondrait de nouveau. La morne analyse, aimée du chimérique Stendhal, triomphait. Ainsi l’avait voulu M. de Bismarck qui, fidèle à sa politique reptilienne, et non content de stipendier, chez nous, des espions, avait ravitaillé les arts corrupteurs et gorgé d’or les dégradantes psychologies. J’en appelle à Mme Edmond Adam qui connaît ces sombres secrets.

Donc, on demandait un livre qui fît ce que n’avait pu faire la pièce trahie, ce que n’avait pu faire la chanson morte. On le demandait sans espérer qu’il vînt un jour égayer nos esprits attristés et réconforter nos décadentes âmes. Eh bien ce livre est venu. Nous l’avons. Il s’appelle : La Guerre de demain.

D’abord, ce titre : La Guerre de demain, rassure, et ce nom : le capitaine Driant, promet. Les seize lettres magiciennes qui gaiement dansent et rient sur la couverture hilare disposent à la joie, même les plus récalcitrants. Quant au capitaine, est-il téméraire de le supposer, qu’étant le gendre du général Boulanger, il soit en même temps boulangiste ? Je ne crois pas. Le boulangisme est, en soi, une chose gaie et, parmi les surprises extraordinaires et inconnues que son avènement nous ménage, il faut compter, en première ligne, la gaîté.

La Guerre de demain n’est donc, du moins il