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et libre talent parmi les Tercy encombrants et les vagues Chantavoine. Elles étonnèrent d’abord, par leur ampleur et leur nouveauté, car elles ne relevaient d’aucune méthode connue, ou du moins, appliquée jusqu’ici.

Cette méthode, Émile Hennequin l’expliquait et la développait en un livre de doctrine qui paraissait quelques jours avant sa mort : La Critique scientifique, livre savant où l’on peut mesurer toute l’étendue de ce rare et haut esprit. « De son origine à son état actuel, écrit-il, la critique des œuvres d’art accuse dans son développement deux tendances divergentes, dont on peut constater aujourd’hui l’antagonisme. Il convient de ne plus confondre des travaux aussi différents que la chronique d’un journal sur le livre du jour, les notes bibliographiques d’une revue, les feuilletons qui racontent le Salon ou les pièces de la semaine, et certaines études, par exemple de M. Taine, un chapitre de Rood sur la peinture, les recherches de Posnett sur la littérature de clan, de Perker sur l’origine des sentiments que nous associons à certaines couleurs, de Reuton et de Bain sur les formes du style. Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent un tout autre but, tendant à déduire, des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain