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artiste qui le vécut et qui l’écrivit. Il y a bien des nerfs, dans ce livre, bien des sensibilités exacerbées ; il y a aussi le perpétuel lancinement d’une blessure qui saigna toujours, blessure causée par l’indifférence si longue où le public tint longtemps le prodige de son talent. Il y a aussi, perçant les fiers mépris, une aspiration irritée, et pour ainsi dire maladive, vers le succès, en tout cas, sincèrement avouée, ce qui la rend touchante. Il y a tout cela, soit !

Et qu’est-ce donc que cette petite tache d’ombre, devant l’éblouissement de cette œuvre ? Que vaut cette faiblesse passagère dans l’impeccable unité de ce caractère où, tous, nous n’avons à puiser que de nobles et beaux exemples ? Et si c’est une faiblesse, après tout, il faut que nous l’aimions, que nous la chérissions, plus encore qu’une vertu, car rien n’émeut chez un grand homme comme ces petites faiblesses qui le rendent plus humain, plus près de nous, plus fraternel.

Ô cher et grand Edmond de Goncourt, j’irai, l’automne venu, planter les iris que vous aimiez non dans votre jardin, hélas ! ainsi que nous en avions décidé, mais autour de votre tombe. Et