Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout, il sent tout, des choses que, même après Stendhal et Balzac, nous ne nous étions pas avisés de voir et de sentir, et il a, pour les exprimer, un style singulièrement vivant et multiple, qui rend — presque physiquement — la couleur, le dessin, l’odeur, le frémissement, le reflet.

En tout ce qu’il tenta, en tout ce qu’il réalisa, dans le roman, avec Germinie Lacerteux, Manette Salomon, Madame Gervaisais ; au théâtre, avec Henriette Maréchal et la Patrie en danger ; en histoire, avec les Tableaux de la société sous le Directoire ; en art, avec ses monographies des artistes au XVIIIe siècle, et ses si curieuses, si patientes recherches sur les artistes japonais, il se montra, chaque fois, un initiateur, un précurseur. On peut dire de Goncourt qu’on lui doit l’introduction, dans la littérature française, de sensibilités nouvelles et, par conséquent, de nouvelles formes de pitiés. Son nom a été une date importante et qui demeurera célèbre dans les lettres. Comme l’a dit M. Émile Zola, il est vraiment le maître, notre maître. De lui part, d’une façon victorieuse et définitive, l’affranchissement du livre.

Maintenant, je voudrais deux mots sur une question délicate et qui me tient à cœur. En