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temps, et peut-être de tous les temps… Mais, que voulez-vous ? Cela n’a rien d’étonnant… C’est ma fonction naturelle, en somme… Il n’y a donc pas lieu que je tire de cette incontestable supériorité un orgueil quelconque… Non… Ce par quoi je suis vraiment particulier — dirai-je, surhumain, pourquoi pas ?… — c’est par mon génie de littérateur et de philosophe… Je m’amuse, souvent, à buriner des maximes des pensées d’un ordre spirituel vraiment unique, si unique vraiment, que les maximes d’un La Rochefoucauld, les pensées d’un Pascal ou d’un Goethe, semblent, au regard des miennes, les piteuses réflexions d’un enfant idiot.

Et cet autre qui disait :

— Oh ! moi !… je fais bon marché de la syntaxe de mon dessin… Ce qui le caractérise, voyez-vous, et lui assure l’éternelle admiration des hommes… c’est la ponctuation !… Elle est sublime !

Je dédie ces deux documents à M. A. Hamon et à M. René Ghil, pour leur donner un avant-goût de tous ceux dont ils sont appelés à éditer, en des volumes de science rigoureuse, les incommensurables vanités…

Hier, j’ai rencontré M. A. Hamon. Armé d’un mentaloscope, qui est un instrument bizarre et