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questions — d’ailleurs joyeusement scientistes — qui composent ce monumental morceau. On m’excusera.

On m’excusera, j’aime à le croire. Mais nulle force, dans le monde, ne m’empêchera de clamer et de proclamer que voilà une idée qui n’est pas bête. Non seulement elle n’est pas bête, cette idée, mais on peut, on doit affirmer, sans exagération, ni emballement, qu’elle est véritablement et scientistement géniale. Oui, géniale : je maintiens le mot pour les pauvres diables qui seraient tentés — ô l’ignorance ! — d’en sourire.

Déjà, dans la Psychologie de l’anarchiste-socialiste, M. A. Hamon nous avait magistralement montré comment — pour la plus grande gloire du document, certes ! — il faut savoir tirer parti de la copie des autres, et que l’on peut être, à bon compte, sans jamais écrire soi-même, un intarissable et prestigieux écrivain. J’avais applaudi à cette tentative qui offrait aux biologistes affaiblis et aux poètes impuissants, le miraculeux et facile moyen de ne pas interrompre une production, dont la source, en eux, était depuis longtemps, irrémédiablement tarie. Parodiant un mot célèbre, je m’étais écrié : « La littérature, c’est de faire travailler les autres ! ». On