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qu’il s’en prend. Il l’interroge partout où il la rencontre et il la rencontre partout, dans la rue, parmi les foules, dans les taudis du pauvre et les salons du riche. Il la suit dans les champs, dans les mines, dans les forêts lointaines, à l’atelier, au musée, à la prison, au pied de l’échafaud. Et il cherche à lui arracher quelque chose de son impassible secret, quelque chose de l’obscur espoir qu’elle pourrait, peut-être un jour, projeter sur le monde les clartés d’une aube plus douce.

La Mêlée sociale, je l’avais suivie, avec passion, au jour le jour, dans la Justice. À la lecture du livre, mes impressions se sont encore agrandies, car j’y trouve une admirable unité de pensée, dans une diversité de sujets qui, tous, d’ailleurs, touchent aux plus intéressants problèmes de la vie sociale.

Je n’ai pas la prétention de faire l’analyse et la critique raisonnée de ce livre. J’ai voulu seulement le signaler à mes lecteurs que passionnent les questions autres que celles de l’adultère romanesque, et les petits potins du boulevard. J’ai voulu, surtout, saluer de toute mon amitié et de toute mon admiration le maître ouvrier de cette œuvre maîtresse, forgée de nobles pensées et fleurie de beauté artiste.

1895.