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aucune hiérarchie descendante, et qui répond au nom plus euphonique de André Hélie. M. André Hélie, dont j’ignore, d’ailleurs, les travaux précédents, et s’il a fait d’autres travaux que celui-là, qui suffit bien à la gloire éternelle d’un homme, publie, chez un éditeur de livres à vingt-cinq centimes, les Contes drolatiques, du même Balzac, mais traduits, par lui André Hélie, en français moderne !… Vous avez bien lu, n’est-ce pas ? Les Contes drolatiques de Balzac, traduits en français moderne par M. André Hélie !…

Et le pauvre Balzac s’appelait Honoré. Comme c’est bien ça !

Les Contes drolatiques, traduits en français moderne !… Voilà, avouons-le, une chose qui n’est pas banale et qui ouvre à l’imagination compliquée et inquiète des traducteurs de nouveaux horizons, des horizons illimités, si j’ose dire. De même qu’elle assure aux chefs-d’œuvre de notre langue une diffusion, à laquelle on n’avait point encore songé… Je vois très bien un Racine, un Molière, un Diderot, et, plus tard, un Renan ou un Anatole France, traduits en argot de Belleville, ou en patois bas-normand : en argot par M. Bruant, par exemple, en patois, par M. Quesnay de Beaurepaire, n’est-ce pas ?… pour la plus grande instruction des souteneurs suburbains et des braves paysans de France, car il est bon que les chefs-d’œuvre, en quelque forme que ce soit, traversent toutes les