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se réjouit fort, dans une lettre qu’il m’adresse, car, dit-il, c’est ainsi qu’on en use avec Molière, La Fontaine, Racine, Voltaire et, en général, avec tous les grands écrivains de France, dans toutes les maisons d’éducation, dignes de ce nom. Il me cite le cas de Tartuffe où Elmire se trouve métamorphosée en un jeune garçon qui oblige Tartufe à confesser qu’il a dérobé des confitures dans le placard de son bienfaiteur, Orgon. En expiation de quoi, le pauvre Tartuffe est condamné à réciter douze douzaines de chapelets… Et il écrit : « Le génie a ceci de particulier qu’il se prête à toutes les combinaisons et adaptations des professeurs, sans rien perdre — ou si peu — de sa saveur primitive. » Et plus loin : « Notre tâche, à nous, est de rendre le génie séduisant et moral. » Et enfin, il ajoute, cet excellent correspondant, qu’il est admirable que nous possédions, maintenant, une édition « lisible » de Balzac, édition véritablement populaire celle-là, où les œuvres de cet écrivain « inégal, souvent obscur, mais intéressant », soient débarrassées de tous les déchets et scories qui l’encombrent, non moins que des aperçus trop élevés qui ennuient le lecteur, sans l’éclairer… Il explique, en outre, un peu arbitrairement, mais avec l’éloquence, que Balzac serait content de l’initiative généreuse prise par M. A.-F. Cuir, car « ces choses-là, qui sont l’indice de l’immortalisation, n’arrivent jamais qu’aux écrivains de génie ou qui