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pauvre, je me déclare incompétent… Il y a de l’autre côté de l’eau un Institut dont c’est le métier de faire ce que vous demandez… Adressez-vous à lui… Moi, je paie des impôts pour son entretien, et aussi pour qu’il découvre, aide, récompense et conserve le génie sous toutes ses formes… et pour qu’il suive l’effort de toute une nation vers le mieux… C’est tout ce que je puis faire… Hormis cela, je ne puis rien et personne ne m’écoute… C’est l’Institut qui vous découvrira, mon brave Kepler, vous aidera, vous récompensera, vous conservera, à moins, ce qui est le plus probable, qu’il ne vous mette à la porte de chez lui… Allez le voir… C’est, passés les ponts… à droite… une façade triste et maussade comme un visage de dyspeptique… Et il y a un dôme… un dôme qui le coiffe comme un bonnet de nuit !… Ou, plutôt, comme on ne peut pas le voir, ce vieil Institut, car il est toujours malade, et toujours il prend des lavements et des purgations, allez voir le concierge… et remettez-lui votre découverte… votre génie… votre bonne volonté… C’est un philosophe et il en a vu bien d’autres… Et si vous avez des amis influents et bien pensants… de belles dames, infiniment snobs et qui s’intéressent à vous… et, surtout, si votre découverte, votre génie, votre bonne volonté, ne sont pas trop difficiles à comprendre, trop révolutionnaires… qu’ils ne menacent en rien la nullité des uns et la paresse des autres… vous pouvez