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veille arrivent souvent à n’être que les timides réalités d’aujourd’hui, ou de demain…

— Par qui ferez-vous balayer les rues de votre Cité heureuse ? demande à Émile Zola, M. Cornély, sur ce ton d’ironie protectrice qui lui va si bien.

— Comment !… plus de commerce !… Mais qui vendra vos livres ? s’écrie M. Yves Guyot, économiste scandalisé à l’idée d’une société où les économistes de son genre n’auraient plus le moindre emploi… d’une société guérie de ce chancre atroce, privée de ce vol abominable et légal qu’est le commerce, lequel fait payer dix sous ce qui vaut à peine deux centimes… Opération mirifique à quoi se borne le rôle des économistes dans une bonne organisation sociale !…

Et voilà les pauvres objections faites à Zola ; objections invariables, objections éternelles, chaque fois que de la foule des satisfaits et des privilégiés, quelqu’un se lève pour rêver quelque chose de mieux que ce qui est… Laissons-les… Elles ne valent même pas la peine d’une réfutation.

Le sujet de Travail est simple, comme toutes les grandes choses.

Émile Zola prend, au début de son livre, une petite ville industrielle, Beauclair, soumise au régime actuel du salariat… c’est-à-dire au régime de la haine… Avec raison, Zola voit dans le salariat la grand mal moderne, celui dont