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Par exemple, pour rester dans les petites choses et dans les petits faits, être taxé de pornographie par Mme Rachilde, comme je le fus, il y a quelques mois, n’est-ce pas un régal inattendu, étrangement savoureux ?… Se voir dénoncé — indirectement — mais dénoncé tout de même, au Parquet, comme je l’ai été ces jours derniers, par le Fin de siècle — vous avez bien lu, par le Fin de siècle — pour attentats à la pudeur et outrages à la morale publique, où trouver, je vous le demande, quelque chose d’aussi absolument réjouissant ?…

J’aurais payé, très cher, vraiment, pour que le Fin de siècle imprimât cette phrase : « Il n’est pas un écrivain qui ait atteint à plus d’ignominies délictueuses, qui se soit roulé, pour le seul plaisir, dans plus d’immoralités et dans plus d’ordures que M. Octave Mirbeau. Et pourtant, il n’a pas été, une seule minute, inquiété par le Parquet ! » Si j’avais eu besoin d’une justification, d’une réhabilitation, elles étaient là, tout entières… Eh bien, cette phrase, j’ai eu la joie — après les phrases analogues de Mme Rachilde — de la lire, dans cet adorable Fin de siècle, qui juge ainsi de cette façon sommaire, mais infiniment précieuse, mon dernier livre : Le Journal d’une femme de chambre. Opinion, d’ailleurs, dont, je dois le dire, le Fin de siècle n’a pas le monopole — car il n’a pas le monopole de la vertu — et qu’il partage avec de très vieux messieurs à