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Et la chevauchée reprend, plus ardente et plus terrible :

Nos chevaux foulaient d’immondes patriarches
Qu’un vœu prostrait sous notre marche…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

De grands noyers bordaient la route parfois,

Et passant dans leur ombre, nous avions froid
Et nous prenions le trot
Sans dire mot…

Et Claude meurt, « la tête contre sa robe ». On l’ensevelit :

Près d’une source qui riait comme lui…

M. Vielé-Griffin reste calme, et voici ce qu’il dit :

Le grand repos des choses accomplies
Vaguait à brise lente sur les blés
Avec le frémissement des panoplies…

Enfin, le dénouement s’approche :

Martial, tout pâle (je le vois encore :
Nous avions fait halte sous un sycomore,
Près d’un ruisseau sans voix où je buvais
— Genoux à terre et face à face
Avec moi-même et de si près que je buvais
D’entre mes propres lèvres qui buvaient
Et je me redressai pour l’écouter :
Sa voix était ferme de sûre audace