Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et le vieillard, son père ou son époux,
Tendait ses mains de bon accueil
Vers tous ceux qu’elle éclairait d’un sourire…

Et voici comment ils connurent ce vieillard, père ou époux :

Le vieillard vint pour échanger des ors étrangers,
Quelque matin ;
Nous le connûmes de la sorte…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il marchait calme dans le tumulte des quais

Houlants, au cri de la vigie au guet
Vers les jetées.
Et comme il nous dit sa demeure,
Hors de la ville, au coteau des chênaies,
Nous fûmes lui porter de plus jeunes monnaies…

Et voilà le vieillard, époux ou père, qui meurt un printemps :

Ainsi qu’on meurt au point du jour,
Comme en rêve (dit-on) avec des mots d’amour…

Et le soir même de cette mort, en parlant d’Yeldis qui avait suivi, « toute d’aurore », les obsèques de son père ou de son époux, Philarque dit à M. Vielé-Griffin :

Philarque me dit, ce soir-là — seul, ce soir —
Philarque me dit : « Je l’aime » et je lui dis :
« Philarque, nous l’aimons tous » et, ce disant, souris,
Et lui regardait devant lui, sans voir,
Nous sûmes qu’elle partait ce soir…