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ne l’en blâme pas, puisqu’il y trouve tant de joies… Mais est-ce une raison suffisante pour affirmer, comme il vient de le faire, que je n’entends rien à la poésie et que le vers libre m’est tout à fait fermé ? Rien de plus juste si M. Edmond Pilon veut borner mon incompétence à la poésie et au vers libre de M. Vielé-Griffin. Il est parfaitement vrai que je me refuse à prendre pour des vers libres, et même pour de la prose esclave, les vers de M. Vielé-Griffin. Si libre qu’il soit, un vers doit exprimer quelque chose, une idée, une image, une sensation, un rythme. Or, je défie M. Emond Pilon de nous prouver que les vers de M. Vielé-Griffin expriment quelque chose d’autre qu’une mystification, laquelle, vraiment, a trop duré.

Cela d’ailleurs, est facile à démontrer, non par des théories et des discussions dans lesquelles on ne s’entend pas et qui ne démontrent jamais rien, mais par M. Vielé-Griffin lui-même.

Voici donc cette Chevauchée d’Yeldis, qui est un chef-d’œuvre, et même le chef-d’œuvre de M. Vielé-Griffin. Nous allons la lire ensemble, si vous voulez bien.

L’affabulation de ce poème est fort vague et d’un étrange enfantillage. On n’y sait pas exactement ce qu’était Yeldis, en quel pays et en