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Il retrouve, au pied d’un figuier, les déchets de la glaise qui servit à modeler l’homme, et, se remettant au travail, il façonne, avec hâte et précision, une nouvelle forme… Bientôt, le ventre radieux apparaît ; les hanches fermes et douces se dégagent, s’élargissent harmonieusement ; les mamelles puissantes projettent, comme une gloire, leur double rayonnement globulaire… Avec une complaisance évidente et malicieuse, Jéhovah accumule la glaise sur les parties somptueuses de la forme nouvelle, si bien qu’au moment de modeler la tête, la glaise manque.

— Va te promener !… s’écrie Jéhovah ; je n’ai plus de glaise… C’est fort ennuyeux… Je ne puis pourtant pas laisser cette forme sans tête… Si petite que je la lui donne, il faut bien que je lui en donne une ! Comment faire ?… Ah ! me voilà joli garçon !…

Alors, après avoir esquissé à travers l’espace primordial un geste qui semble dire : « Ma foi, tant pis ! », il puise à pleines mains dans le ventre, où un trou se creuse, et, avec cette poignée d’argile, il donne à la femme un cerveau !

La genèse symbolique de la femme, interprétée par Rémy de Gourmont, concorde exactement avec les conclusions de la science anthropologique. La femme n’est pas un cer-